Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/103

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pour mon maître qu’une source de dépenses ; et, comme l’avarice était son défaut dominant, la présence de cette malheureuse lui causait un mécontentement continuel. Il semblait désirer la mort de la pauvre fille. Un jour, il la donna à sa sœur, mais celle-ci ne se montra pas disposée à garder un cadeau inutile. Enfin, mon maître bienveillant, je cite ses propres paroles, « la mit à la porte, afin qu’elle eût à subvenir à ses propres besoins. » Voilà comment agissait un homme nouvellement converti. Il gardait la mère et expulsait la fille pour qu’elle eût à mourir de faim ! M. Thomas se trouvait au nombre des propriétaires pieux qui retiennent les esclaves dans les fers, uniquement dans le but charitable de « prendre soin d’eux. »

Mon maître et moi nous avions de fréquentes disputes. Il ne me trouvait pas du tout une humeur conforme à ses vues. La vie que j’avais menée dans la ville avait eu, disait-il, un effet pernicieux sur moi. Elle m’avait rendu propre à toute sorte de mal et incapable de faire rien de bon. Un de mes plus grands défauts était de laisser échapper son cheval, qui s’enfuyait alors à la ferme de son beau-père, située à cinq milles de Saint-Michel. Dans ce cas-là, j’avais à aller le chercher. J’avais une raison pour cette espèce de négligence ou plutôt de pré-