Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/126

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soudain, et comme il me tenait les jambes, je tombai étendu de mon long par terre. M. Covey pouvait alors s’imaginer qu’il était maître de moi, et qu’il dépendait de lui de faire de moi ce qu’il voulait. Mais, dans ce moment-là (d’où me vint cette inspiration ? je ne saurais le dire !), je résolus de me battre avec lui, et, sans perdre de temps, pour mettre cette idée à exécution, je saisis Covey par la gorge et me levai. Il ne me lâcha point, et moi je tins bon. Ma résistance était tellement inattendue, que Covey en parut pour ainsi dire frappé de stupeur. Il tremblait comme une feuille. Sa frayeur m’encouragea, et je le serrai vigoureusement au point que je fis couler le sang dans les endroits que je pressais du bout de mes doigts. M. Covey appela Hughes à son secours. Celui-ci vint, et tandis que Covey me tenait, il essaya de m’attacher la main droite. Je profitai d’une occasion favorable pour lui allonger un violent coup de pied au-dessous des côtes. Ce coup suffit pour me débarrasser de Hughes, qui me laissa seul avec M. Covey. Ce dernier en ressentit l’effet, car lorsqu’il vit Hughes se plier de douleur, il perdit courage. Il me demanda si j’allais persister dans ma résistance. Je lui répondis que oui, quelles qu’en dussent être les conséquences ; qu’il m’avait traité comme une