Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/140

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une grande envie d’apprendre à lire. Ce désir se communiqua promptement à d’autres. Ils se procurèrent bientôt de vieux syllabaires ; et, pressé par leurs instances, je ne pus me refuser à tenir une école du dimanche. Je me mis donc à consacrer mes dimanches à enseigner à lire à mes compagnons d’esclavage. Pas un d’eux ne savait son alphabet lorsque je commençai à les instruire. Quelques-uns des esclaves des fermes voisines informés de ce qui se passait, voulurent aussi profiter de cette occasion pour apprendre à lire. Tous ceux qui venaient à l’école comprenaient clairement qu’il était important de faire aussi peu de parade que possible de nos procédés. Il fallait que nos maîtres religieux, à Saint-Michel, ignorassent qu’au lieu de passer le dimanche à lutter, à boxer et à boire du whisky, nous tâchions d’apprendre à lire la volonté de Dieu ; car ils préféraient de beaucoup nous voir occupés à ces jeux dégradants que de nous voir nous comporter comme des êtres intelligents, moraux et responsables. Mon sang bout quand je me souviens de la manière cruelle dont M. Wright Fairbanks et M. Garrisson West, tous deux directeurs de classes pour l’instruction religieuse, vinrent avec beaucoup d’autres se précipiter sur nous, armés de bâtons et de pierres, et