Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/142

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l’univers ? pourquoi son bras est-il armé de la foudre, si ce n’est pour écraser l’oppresseur, et pour délivrer le malheureux dépouillé d’entre les mains du tyran qui le dépouille ? » Ces chers élèves ne venaient pas à l’école, parce que c’était une manière d’agir populaire ; et moi, leur maître, je ne les instruisais pas, parce que c’était une occupation honorable. Non ! car chaque instant qu’ils passaient dans cette école, les exposait à un châtiment de trente-neuf coups de fouet. Ils y venaient, parce qu’ils désiraient apprendre. Leurs maîtres cruels avaient eu soin de laisser dans un état d’inanition complet leur esprit, qui était resté jusqu’alors emprisonné dans les ténèbres de l’ignorance. Quant à moi, je les instruisais, parce que je trouvais un charme inexprimable à faire quelque chose qui me paraissait de nature à améliorer la condition morale et intellectuelle de ma race. Je continuai à tenir mon école pendant la grande partie de l’année que je passai chez M. Freeland ; en outre, je consacrais trois soirées par semaine, pendant l’hiver, à l’enseignement des esclaves à la maison. J’ai le bonheur de savoir que plusieurs de ceux qui venaient à cette école ont appris à lire, et qu’il y en a un, au moins, qui est maintenant libre par mon intervention.

L’année s’écoula paisiblement. Elle ne me parut