Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/163

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mal aussitôt que possible. Profitant de la position embarrassante de M. Gardner, ils ne voulurent plus rien faire, à moins qu’il ne congédiât les charpentiers noirs. Cette déclaration ne me regardait pas en apparence ; toutefois elle m’atteignit en réalité. Les apprentis, mes compagnons, ne tardèrent pas à trouver qu’il était dégradant pour eux de travailler avec moi. Ils commencèrent à se donner des airs et à parler des nègres comme d’une race dangereuse qui menaçait de s’emparer du pays, en ajoutant qu’on devrait nous exterminer tous. Encouragés par les ouvriers, ils rendaient ma position aussi dure que possible, me tourmentant à l’envi ; quelquefois même ils me frappaient. Alors, fidèle au vœu que j’avais fait après mon combat avec M. Covey, je rendais coups pour coups, sans m’inquiéter des conséquences. Tandis que je parvenais à les empêcher de se réunir, je m’en tirais fort bien ; car j’étais de force à les battre chacun séparément. Un jour enfin ils combinèrent leurs forces et s’élancèrent sur moi tous à la fois, armés de bâtons, de pierres et de longues piques. Un d’eux m’attaqua par devant avec une moitié de brique ; deux autres m’assaillirent, l’un à gauche, l’autre à droite ; un quatrième fondit sur moi par derrière. Pendant que je ripostais de