Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/46

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tenait-il pas la tête assez haute, la faute en était aux palefreniers. C’était une chose affligeante que de se trouver à la porte de l’écurie et d’entendre les plaintes nombreuses proférées contre eux, lorsqu’on faisait sortir un cheval. « On n’a pas pris assez de soin de ce cheval. On ne l’a pas assez bouchonné ou étrillé ; on ne lui a pas donné une nourriture convenable ; sa nourriture était trop humide ou trop sèche, il l’a mangée trop tôt ou trop tard ; il a trop chaud ou trop froid ; il a eu trop de foin et pas assez de pain, ou il a eu trop de pain et pas assez de foin. Vieux Barney, vous avez laissé ce cheval aux soins de votre fils au lieu de vous en occuper vous-même. » Il ne fallait pas répondre un mot à ces plaintes-là, quelque injustes qu’elles fussent. Le colonel Lloyd ne pouvait souffrir la moindre contradiction de la part de ses esclaves. Lorsqu’il parlait, il fallait qu’un esclave restât debout, écoutât et tremblât, et c’est au pied de la lettre ce qui arrivait. J’ai vu le colonel Lloyd forcer le vieux Barney, qui avait de 50 à 60 ans, à découvrir sa tête chauve, à s’agenouiller sur la terre froide et mouillée, et à recevoir, sur ses épaules nues et affaiblies par le travail, plus de trente coups à la fois.

Le colonel Lloyd avait trois fils, — Édouard, Murray et Daniel ; — trois gendres, M. Winder, M. Ni-