Page:FR-631136102 MS 2810 Gilberte Périer - Vie de Blaise Pascal et lettres.pdf/72

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pour contenter le goust, ce qui estoit toujours un mal.

Pour eviter d’y tomber il n’a jamais voulu permettre qu’on luy fist aucune sauce ny ragoust, non pas mesme de l’orange ni du verjus, ni rien de ce qui excite l’appetit, quoy quʼil aimast naturellement toutes ces choſes, et pour se tenir dans des bornes reglées, il avoit pris garde dés le commencement de sa retraitte à ce qu’il falloit pour le besoin de son estomach ; et depuis cela il avoit reglé ce quʼil devoit manger, en sorte que quelque appetit qu’il eust, il ne passoit jamais cela, et quelque degoust qu’il eust aussi, il falloit qu’il le mangeast : Et lors qu’on luy demandoit la raison pourquoy il se contraignoit ainsy ? Il répondoit que c’estoit le besoin de l’estomach quʼil falloit satisfaire, e non pas lʼappetit.

La mortification de ses sens n’alloit pas seulement à se retrencher de tout ce qui pouvoit leur estre agreable, mais encove à ne leur rien refuser pour cette raison qui leur pouvoit déplaire, soit pour la nourriture, soit pour les remedes. Il a pris quatre ans durant des Consommez, sans en