Page:FR-631136102 MS 2810 Gilberte Périer - Vie de Blaise Pascal et lettres.pdf/74

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semblables. Il ne pouvoit encore souffrir qu’on cherchast avec soin d’avoir toutes ses commoditez, comme d’avoir toutes choſes pres de soy & mille autres choſes qu’on fait sans scrupule, parce qu’on ne voit pas qu’il y ayt du mal. mais il n’en jugeoit pas de mesme, et nous disoit souvent quʼil n’y avoit rien si capable d’esteindre l’esprit de pauvreté, que cette recherche curieuse des commoditez de cette bienseance, qui porte à vouloir avoir toujours du meilleur et du mieux fait : Et il nous disoit que pour les ouvriers il falloit choisir les plus pauvres et les plus gens de bien, et non pas cette excellence qui nʼest jamais necessaire, et qui ne Sçauvoit jamais estre utile. Il s’écrioit quelque fois : Si j’avois le cœur aussi pauvre que l’esprit, je serois bienheureux ; car je suis merveilleusement persuadé que la prattique de la pauvreté est un grand moyen pour faire son salut.

Cet amour qu’il avoit pour la pauvreté le portoit à aimer les pauvres avec une tendreſſe si grande, qu’il nʼa jamais pû refuser lʼaumoſne,