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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1892-1904, 1905.djvu/39

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Luttes avec le chat qui gronde, souffle et crache ;
Courses sans fin autour de la table, debout,
À quatre pattes ; chocs brusques où l’on se fâche,
Lentes processions, psaumes, sermons au bout.
Recherche du brigand qui dans les coins se cache…

Et la vaste marmite au ventre rebondi
Nous offrait à foison de tièdes écuellées,
Et le profond tiroir, sous un couteau hardi,
Des tranches de pain brun, aigres, dures, brûlées,
Mais que nos dents croquaient comme sucre candi.

Et les jeux reprenaient, les horions, les larmes,
— Mais des larmes d’enfants, c’est du givre au soleil !
Tout à coup un pas lourd éteignait nos vacarmes :
Notre père rentrait ! Devant le feu vermeil
Laboureurs en sabots et braconniers en armes

S'asseyaient, attendant la soupe. Et nous, chétifs,
Nous ne comptions plus guère ; au bas bout de la table,
Par rang d’âge et de taille on se glissait, furtifs…
Puis venait au dessert le bon marchand de sable,
Et notre mère nous couchait, doux et plaintifs.