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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/78

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Arbres puissants et doux, sur nos plus humbles terres,
          Sur nos plus indigents plateaux,
Durant des siècles ils jetèrent leurs manteaux
          Par-dessus celui des fougères,
Et les firent un peu moins pauvres et plus beaux.

Et, même quand leurs fruits d’or, de miel et de sucre,
          Foulés aux pieds par les passants,
Semblèrent fades aux modernes paysans
          Brûlés d’alcool et fous de lucre,
Les vieillards bénissaient leur ombre et leurs présents.

Et voilà qu’on les coupe et qu’on les déracine.
          Que leurs troncs velus, enchaînés
Sur de lourds chariots par quatre bœufs traînés,
          S’en vont vers la ville et l’usine
Porter l’âme de nos sommets découronnés…