Page:Fabié - Fleurs de Genêts, 1920.djvu/85

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Nul ne connaît le mal sous lequel il succombe,
Et l’art des médecins ne l’en saurait guérir ;
Muet, sans un soupir il descend vers la tombe,
Et l’on dirait qu’il est bien aise de mourir.

C’est que sa bonne ferme aujourd’hui périclite ;
C’est que sa vigne est morte et que, de temps en temps,
Un de ses fils pâlit, et se voûte et s’alite,
Puis meurt de la phtisie a l’âge de vingt ans ;

C’est que les revenus tous les ans s’amoindrissent,
Que le papier timbré grêle sur la maison ;
Et que c’est maintenant pour d’autres que mûrissent
Les blés qu’il volt trembler d’ici sur l’horizon.

Oui, les huissiers hier sont revenus encore :
Ils ont saisi les foins, les seigles d’or mouvant ;
Ils les feront faucher dès demain, à l’aurore,
Et le fermier verra cela — s’il est vivant !