SPIRITUEL CONFRÈRE.
En relisant ma dernière Causerie, — car je ne suis pas comme Provencher, je me relis quelquefois imprimé, lorsque j’écris chez les autres, — il m’a semblé que je n’étais pas, mercredi dernier, d’une gaieté folle. On venait sans doute de m’appeler, en quelque feuille ennemie, notre spirituel confrère. Fuyant devant cette injure cruelle, implacable, qui me poursuit en tous lieux et me relance jusqu’au sein de mes rêves d’ambition, j’aurais voulu mériter, sur le champ, le surnom d’homme grave. Car, voyez-vous, la chimère que je caresse en secret maintenant, c’est qu’on ne m’aborde plus le sourire aux lèvres, c’est que la folle jeunesse s’incline avec un respect ému devant mon front chauve.
Et pourquoi pas ? Il y a des ancêtres, dont les portraits surannés ornent les greniers, qui furent de leur temps ni meilleurs, ni pires que vous et moi. Ils dînaient mieux, ils riaient bien, ils n’étaient pas sans quelque faiblesse de cœur. S’ils descendaient de leurs cadres, ils seraient moins étonnés