Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fice du parlement au Journal de Québec, du Journal de Québec à la Poste, et de la Poste à l’Évènement, est redevenu calme. Vers le milieu du jour, à peine voit-on un employé public franchir lentement le seuil du palais législatif, et un abonné entrer à l’Évènement.

Ceux qui ont l’oreille fine peuvent encore entendre cependant le vague murmure, de plus en plus faible, des discours de la session qui s’écoulent vers la postérité. On ne distingue plus les accents : les voix de MM. Cauchon et Bellingham s’unissent et se confondent, et le torrent, poussé par le souffle du député de Terrebonne, grossi des imprécations du député de Laval, se précipite et s’engouffre au loin.

Les avis sont partagés. On ne sait pas si la session a été plus gaie que le carnaval, ou le carnaval plus gai que la session.

On a remarqué que les habitués de la tribune de l’Orateur étaient, en général, plus jeunes, sinon plus jolies, que sous l’ancien régime. Vu du côté de M. Dunkin, le gouvernement n’avait pourtant pas l’air d’un bel adolescent dans l’ardeur de la victoire.

Ce qu’il y a de certain, c’est que la session a été moins orageuse que le carnaval ; c’est que le monde des salons a été plus agité par la question des préséances que la Chambre par les motions de non-confiance.

Il s’agissait de savoir qui, de madame la présidente du Sénat, de madame la présidente de la Cour d’Appel, ou de madame la présidente du Conseil des ministres provinciaux, aurait le pas sur les autres.

Chaque cause avait ses partisans parmi les hommes, ses adversaires parmi les femmes. On criblait de traits les prétentions opposées à celles que l’on soutenait. C’était une guerre à mort, sans paix ni trêve.

On juge de l’embarras du maître de la maison qui réunissait dans ses salons les trois parties belligérantes. Durant toute