Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/231

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puis à peine me résoudre à aller en ville, tous les trois ans, j’aille à la Chambre tous les ans ? » M. X., m’a dit : « Ma femme ne voudrait jamais y consentir, elle qui s’ennuie et qui pleure, seulement lorsque je m’absente durant trois jours. J’ai beau lui dire, qu’après tout, je ne suis pas bien amusant à la maison, elle dit, comme ça, que le temps est encore plus long, lorsque je n’y suis pas. » M. V., m’a dit : « J’ai trop peur de me faire dire des bêtises. Maintenant tout le monde m’estime. Il y aurait des jaloux. On découvrirait toutes mes fautes et on oublierait toutes mes qualités ; à force de vouloir prouver que je ferais un mauvais député, on finirait par persuader à bien des gens que je suis un mauvais citoyen. » — Tous ces messieurs m’ont engagé à me présenter et m’ont promis leur appui.

Ils m’ont demandé de me sacrifier pour le bien public, pour que notre paroisse ait enfin un de ses enfants en Parlement, et pour qu’elle ne soit plus en arrière, sous ce rapport, de la paroisse voisine, notre vieille rivale.

Voilà pourquoi, messieurs, je sollicite vos suffrages. En votant pour moi, c’est pour vous-mêmes que vous voterez, pour la gloire de votre paroisse. Quant à mes principes politiques, mon ami que voici, qui est avocat, vous les expliquera mieux que moi.

Le Marchand. — Messieurs, vous savez que je suis plutôt un homme d’action qu’un homme de paroles. J’ai eu le talent de faire fortune, ce qui vaut bien, je pense, celui de parler. Lorsque j’ai commencé les affaires, je n’avais rien. Avec cela je suis devenu riche ; vous savez que je vaux £15,000, presqu’autant que notre ancien seigneur. Je médite de ce temps-ci une affaire qui me donnera au moins £500 de profit. Je vous la conterai dimanche prochain, si elle se fait d’ici là.

Vous me connaissez ; vous savez que je suis incapable de vous donner un mauvais conseil. Vous comprenez bien, n’est-ce pas ? que si je suis devenu riche c’est parce que j’avais du