Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/233

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Le Farceur. — Nous en savons assez long. Nous n’avons pas besoin de savoir ce qui se passe en ville. (Rires. Un quart de l’assemblée entoure l’interrupteur avec admiration.)

L’Orateur. — Messieurs, je crois qu’il est nécessaire avant d’aller plus loin, que je vous fasse l’histoire des partis qui divisent actuellement notre beau pays. Messieurs, en 1841, l’acte d’Union nous fut imposé par l’Angleterre…

Un Électeur, un peu lancé. — Dites-donc, monsieur l’avocat, combien est-ce qu’on vous paie par discours ? Si ce n’est pas trop cher, venez en faire un à la maison, quand les enfants seront couchés. (Rires et applaudissements. Un autre quart de l’assemblée entoure le partisan de Bacchus et le fait causer.)

L’Orateur. — Messieurs, malgré les interruptions d’une minorité de cette assemblée, minorité infime sous le rapport du nombre, minorité plus infime encore sous le rapport des qualités intellectuelles, je sais que vous désirez m’écouter et que vous reconnaissez dans notre candidat un homme intelligent, instruit, laborieux.

Je disais donc, Messieurs, que l’acte d’Union nous avait été imposé par la tyrannie anglaise. Permettez-moi de vous dire toute ma pensée sur cet acte infâme. Et d’abord quelle était notre position avant 1840 ?

Le Farceur. — 1840 ! C’est l’année où je me suis marié, une fameuse année ! Il y a eu des fraises au mois de mai. (Hilarité.)

L’Orateur. — Messieurs, nous luttions depuis cinquante ans…