seau, l’irritabilité de la plante est engourdie. La sensitive est retirée de la cloche à éther avec son feuillage étalé comme il l’était au début ; mais pour quelque temps ce feuillage est insensible. On peut choquer les folioles, les brûler, les traiter de telle façon que l’on voudra, sans parvenir à les faire fermer. Comme pour l’animal, cette impassibilité est passagère : si le séjour sous la cloche à éther n’a pas été de trop longue durée, ce qui amènerait, pour la plante ainsi que pour l’oiseau, la perte complète de la vie, la sensitive redevient peu à peu impressionnable et finit par fermer son feuillage au moindre attouchement.
Après ce court exposé des faits, quelle différence voyons-nous entre la sensibilité de l’étrange plante et la sensibilité de l’animal, j’entends de l’animal placé aux derniers échelons de la vie, le polype, par exemple, qui, fixé à sa roche sous-marine, épanouit ses tentacules en manière de fleur, ou les ferme et se crispe ? Nous n’en voyons aucune. Entre l’animal et la plante, il n’existe pas de ligne de démarcation absolue ; tous les attributs du premier, même le mouvement et l’impressionnabilité, se retrouvent dans la seconde, du moins à l’état de vague ébauche.
XVIII
Sommeil des Plantes.
Linné avait reçu de Sauvage, célèbre professeur de Montpellier, une plante méridionale, le lotier pied d’oi-