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Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/203

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STRUCTURE DES FEUILLES

notre respiration, nous dirigeons l’haleine contre un carreau de vitre froid. La vapeur invisible du souffle se condense, ternit le verre, et finit par ruisseler en gouttelettes. L’exhalaison humide des stomates se constate de la même manière. Dans un flacon bien sec, on met un rameau vivant, sans trace apparente d’humidité. Bientôt la paroi du flacon se couvre de gouttelettes à l’intérieur. Les petites bouches de la feuille exhalent donc de la vapeur d’eau tout aussi bien que la bouche de l’homme ; leur haleine est humide comme la nôtre. Ce qui peut s’échapper de vapeur par chacun de ces soupiraux est au-dessous de toute évaluation ; mais, vu le nombre immense de stomates, le total de l’eau exhalée n’en est pas moins considérable. Un arbre de moyenne grandeur rejette à l’air une dizaine de litres d’eau par jour ; un seul pied d’hélianthe annuel, vulgairement soleil, transpire en douze heures, par un temps sec et chaud, bien près d’un kilogramme d’eau.

La transpiration remplit un rôle multiple. D’abord elle empêche la température de s’élever jusqu’à devenir dangereuse pour la plante. Un liquide qui s’évapore est, en effet, pour l’objet aux dépens duquel se fait l’évaporation, une cause de refroidissement, parce que la vapeur qui s’en va emporte avec elle une grande quantité de chaleur prise à l’objet lui-même. Versez dans le creux de la main quelques gouttes d’un liquide volatil, d’éther. Aussitôt l’évaporation se fait, et l’on éprouve à la main une vive impression de fraîcheur. Les vapeurs, en s’en allant, emportent une partie de votre chaleur. Je vous rappellerai encore les frissons éprouvés au sortir du bain. La mince couche d’eau dont le corps est couvert en est cause. En s’évaporant, elle nous soutire un peu de notre chaleur. Une fois le corps essuyé, l’évaporation n’a plus lieu et les frissons cessent comme par enchantement. Ces deux exemples suffisent pour vous faire au moins entrevoir que l’évaporation est une cause d’abaissement de température. Lors donc que, sous les rayons du soleil,