Aller au contenu

Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
STRUCTURE DES FEUILLES

aux racines, distribuant à tout ce qu’il baigne les matériaux des formations nouvelles. L’autre liquide, celui que les racines puisent dans le sol, se nomme séve ascendante et monte des racines aux feuilles par la voie de l’aubier. Il se compose principalement d’eau, que les stomates doivent exhaler en majeure partie afin de concentrer en un moindre volume les substances nutritives dissoutes. Or ce travail de concentration des matériaux bruts ascendants n’est jamais suspendu, parce que l’absorption par les racines est continuelle ; et tel est le motif pour lequel les stomates transpirent toujours, même à l’ombre, même de nuit. Sans discontinuer, ils rejettent en vapeurs dans l’atmosphère l’eau surabondante, nécessaire pour amener aux feuilles les aliments fournis par le sol ; ils concentrent le maigre liquide de la séve ascendante pour en faire le liquide substantiel de la séve descendante.

Je réserve pour plus tard les développements qu’exige l’étude de la séve et je continue l’examen de la structure des feuilles. L’épiderme nous est maintenant connu, avec ses cellules aplaties, assemblées en fine membrane propre à modérer l’évaporation ; avec ses poils, parfois assez touffus pour former un duvet qui augmente les obstacles contre une déperdition d’humidité trop rapide ; avec ses stomates ou bouches exhalantes, qui permettent, dans une juste mesure, le départ de l’eau en excès. Ce que la feuille contient dans son épaisseur entre les deux lames d’épiderme est encore plus important. Là se trouve d’abord une espèce de charpente qui donne à la feuille de la solidité. Elle est formée de fibres et de vaisseaux assemblés en paquets, dont l’ensemble constitue le pétiole. À son entrée dans le limbe, le faisceau commun de fibres et de vaisseaux tantôt s’épanouit en plusieurs ramifications à peu près d’égale importance, comme dans la feuille du platane, tantôt se continue par un prolongement unique occupant la position médiane, comme dans la feuille du laurier, Ces prolongements di-