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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

jusqu’au monstrueux, n’est pas apte à reconnaître certaines qualités des choses qui nous sont et nous seront toujours inconnues, faute de moyens pour les apprécier. Le nez grotesque du fer-à-cheval vous fait rire, mes petits amis ; quant à moi, il me fait songer. Je songe aux mille secrets que la nature dérobe à nos sens et qui seraient pour nous des acquisitions aussi faciles que précieuses, si nous possédions l’odorat d’une misérable chauve-souris. Qui sait ! peut-être le fer-à-chevalFer-à-cheval.
Fer-à-cheval.
prévoit, avec son nez, la tempête plusieurs jours à l’avance : il flaire le futur orage ; il sent venir du bout de la terre les nues pluvieuses ; il connaît par l’odeur les vents qui vont souffler ; il distingue l’arôme du temps qu’il doit faire ; et, guidé par des appréciations dont il ne nous est pas même possible de nous former une idée, il se précautionne pour la chasse aux insectes, tantôt abondante et tantôt infructueuse, suivant l’état de l’air.

Jules. — Si le nez du fer-à-cheval a ces aptitudes, il faut convenir que c’est un fameux nez.