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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

des plus nobles sentiments, la compassion ; ce serait éveiller de féroces instincts, qui trop souvent mènent aux épouvantables conséquences du crime. Qui se complaît à torturer les bêtes ne peut compatir aux misères de ses semblables ; c’est un cœur dur, enclin au mal. Que je vous plains, pauvres enfants qui assistiez rieurs à l’affreux supplice de l’effraie, et qui, excités par l’exemple de l’homme, vous apprêtiez à crever les yeux du misérable oiseau ; que je vous plains ! Veillez-y, que vos parents y veillent : il y a en vous de la graine de mauvais sujet.

XII

LES OISEAUX DE PROIE NOCTURNES

Paul. — L’effraie, la chouette, le duc, le hibou et autres espèces pareilles sont connus sous le nom général d’oiseaux de proie nocturnes. On les dit oiseaux de proie parce qu’ils vivent du produit de leurs chasses, consistant surtout en rongeurs, rats, souris, mulots et campagnols. Ils sont parmi les oiseaux ce que le chat est parmi les mammifères : des acharnés destructeurs de ce petit gibier à poil dont la souris est pour vous l’exemple le plus familier. Le langage a depuis longtemps consacré cette analogie de mœurs par l’expression de chat-huant appliquée à quelques-uns d’entre eux. Ce sont des chats pour la manière de vivre, des chats qui volent, des chats qui huent, c’est-à-dire jettent des cris pareils à de plaintifs hurlements. Ils sont nocturnes ; en d’autres termes, ils se tiennent blottis le jour dans quelque obscure cachette, d’où ils ne sortent que le soir pour chasser au crépuscule et aux clartés de la lune.

Leurs yeux sont très grands, ronds et se présentent tous les deux de face au lieu d’être placés sur l’un et sur l’autre côté de la tête. Une large couronne de fines plumes les entoure. La nécessité de ces yeux énormes est motivée par leurs habitudes nocturnes. Ayant à trouver la nourriture au milieu d’une très faible clarté, ils doivent, pour y voir distinctement, recevoir le plus de lumière qu’il soit possible, ce qui exige des yeux largement ouverts.