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Si le cocon obstruant la voie contient une larve morte au lieu d’une larve vivante, en sera-t-il de même ?

Dans mes tubes de verre, je fais alterner des cocons d’Osmie contenant une larve vivante, avec d’autres cocons de la même espèce mais à larve asphyxiée par un séjour dans les vapeurs de sulfure de carbone. Des rondelles de sorgho séparent comme toujours les étages. À l’éclosion, les recluses n’hésitent pas longtemps. Une fois la cloison percée, elles attaquent les cocons morts, les traversent de part en part, mettent en poudre la larve morte, actuellement sèche et ratatinée ; elles sortent enfin après avoir tout bouleversé sur leur trajet. Donc les cocons morts ne sont pas épargnés ; ils sont traités comme le serait tout autre obstacle attaquable par les mandibules. L’Osmie n’y voit qu’une barricade à culbuter sans ménagement. Comment est-elle avertie que le cocon, où rien n’est changé quant à l’extérieur, renferme une larve morte et non vivante ? Ce n’est certes pas par la vue. Serait-ce par l’odorat ? Je me méfie toujours un peu de cet odorat, dont on ne sait pas le siège, et que l’on invoque à tout propos pour expliquer commodément ce qui, peut-être, est au-dessus de nos explications.

Cette fois la série ne se compose que de cocons vivants. Ces cocons, je ne peux les prendre évidemment dans la même espèce, car l’expérience ne différerait pas de ce que nous avons déjà vu ; je les prends dans deux espèces différentes, qui sortent de la ronce à des époques ne se confondant pas. De plus, ces cocons doivent être à peu près de même diamètre pour convenir à l’empilement dans un tube sans intervalle vide du côté de la paroi. Les deux espèces adoptées sont le