Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/201

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tandis que les autres Ammophiles et les divers Hyménoptères déprédateurs en général, ne font ce travail qu’en automne, dans le courant de septembre et d’octobre. Cette nidification si précoce, devançant de six mois la date adoptée par l’immense majorité, suscite aussitôt quelques réflexions.

On se demande si les Ammophiles qu’on trouve occupées à leurs terriers, dans les premiers jours d’avril, sont bien des insectes de l’année ; c’est-à-dire si ces printaniers travailleurs ont achevé leurs métamorphoses et quitté leurs cocons dans les trois mois qui précèdent. La règle générale veut que le fouisseur devienne insecte parfait, abandonne sa demeure souterraine et s’occupe de ses larves dans la même saison. C’est en juin et juillet que la plupart des Hyménoptères giboyeurs sortent des galeries où ils ont vécu à l’état de larves ; c’est dans les mois suivants, août, septembre et octobre, qu’ils déploient leurs industries de mineur et de chasseur.

Semblable loi s’applique-t-elle à l’Ammophile hérissée ? La même saison voit-elle la transformation finale et les travaux de l’insecte ? C’est très douteux, car l’Hyménoptère, occupé au travail des terriers en fin mars, devrait alors achever ses métamorphoses et rompre l’abri du cocon dans le courant de l’hiver, au plus tard en février. La rudesse du climat en cette période ne permet pas d’admettre telle conclusion. Ce n’est point quand l’âpre mistral hurle des quinze jours sans discontinuer et congèle le sol, ce n’est point quand des rafales de neige succèdent à ce souffle glacé, que peuvent s’accomplir les délicates transformations de la nymphose et que l’insecte parfait peut songer à quitter l’abri de son cocon. Il faut les douces moiteurs de la terre sous le soleil d’été pour l’abandon de la cellule.

Si elle m’était connue, l’époque précise à laquelle l’Ammophile hérissée sort du terrier natal me viendrait