sont occupés à la fois par la larve de l’Hyménoptère et par d’autres larves, étrangères à la famille et goulues commensales de la première. Ces étrangères sont plus petites que le nourrisson du Bembex, en forme de larme et de couleur vineuse due à la teinte de la bouillie alimentaire que laisse entrevoir la transparence du corps. Leur nombre est variable : une demi-douzaine souvent, parfois dix et davantage. Elles appartiennent à une espèce de Diptère, ainsi qu’il résulte de leur forme et comme le confirment les pupes que l’on rencontre à leur place. L’éducation en domesticité achève la démonstration. Élevées dans des boîtes, sur une couche de sable, avec des mouches que l’on renouvelle chaque jour, elles deviennent des pupes, d’où, l’année d’après, sort un petit Diptère, un Tachinaire du genre Miltogramme.
C’est le même Diptère qui, embusqué aux environs du terrier, cause au Bembex de si vives appréhensions. La terreur de l’Hyménoptère n’est que trop fondée. Voyez, en effet, ce qui se passe au logis. Autour du monceau de vivres, que la mère s’exténue à maintenir en quantité suffisante, en compagnie du nourrisson légitime, six à dix convives affamés, qui, de leur bouche aiguë, piquent au tas commun, sans plus de réserve que s’ils étaient chez eux. La concorde paraît régner à table. Je n’ai jamais vu la larve légitime se formaliser de l’indiscrétion des larves étrangères, ni celles-ci faire mine de vouloir troubler le repas de l’autre. Toutes, pêle-mêle, prennent au tas et mangent tranquilles, sans chercher noise aux voisines.
Jusque-là tout serait pour le mieux s’il ne survenait grave difficulté. Si active que soit la mère nourrice, il est clair qu’elle ne peut suffire à pareille dépense. Il lui fallait d’incessantes expéditions de chasse pour nourrir une seule larve, la sienne ; que sera-ce si elle doit alimenter à la fois une quinzaine de goulues ? Le