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qu’ils nous amenoient sur les tombeaux de nos pères ; c’est lorsque le départ des beaux jours, un ciel triste & grisâtre, la décoloration de la terre & la chûte des feuilles remplissoient notre ame de mélancolie & de tristesse ; c’est à cette époque, que, profitant des adieux de la nature, ils s’emparoient de nous, pour nous promener, à travers l’Avent & leurs prétendue fêtes multipliées, sur tout ce que leur impudence avoit imaginé de mystique pour les prédestinés, c’est-à-dire les imbécilles, et de terrible pour le pécheur, c’est-à-dire le clair-voyant.

Les prêtres, ces hommes, en apparence, ennemis si cruels des passions humaines & des sentimens les plus doux, vouloient-ils les tourner à leur profit ; vouloient-ils que l’indocilité domestique des jeunes amans, la coquetterie de l’un & l’autre sexe, l’amour de la parure, la vanité, l’ostentation & tant d’autres affections du bel âge, ramenassent la jeunesse à l’esclavage religieux : ce n’est point dans l’hiver qu’ils l’attiroient à se produire en spectacle ; c’est dans les jours les plus beaux, les plus longs & les plus effervescens de l’année, qu’ils avoient placé, avec profusion, des cérémonies triomphales & publiques, sous le nom de Fête-Dieu ; cérémonies où leur habileté avoit introduit tout ce que la mondanité, le luxe & la parure ont de plus séduisant : bien sûrs qu’ils étoient de la dévotion des filles, qui, dans ce jour, seroient moins surveillées ; bien sûrs qu’ils étoient que les sexes, plus à même de se mêler, de se montrer l’un à l’autre ; que les coquettes, les vaniteuses, plus à même de se produire & de jouir de l’étalage nécessaire à leurs passions, avaleroient, avec le plaisir, le poison de la superstition.

Les prêtres, enfin, toujours pour le bénéfice de leur do-