Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/52

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Je ne puis plus tenir ma colère captive.
Ne voyez-vous donc pas ou feignez-vous enfin
De ne pas voir le but de cet homme, plus fin
Et plus fourbe, à jeu sûr, des pieds jusqu’à la tête,
Que mon sage avocat lui-même n’est honnête ?
Il ne le sait que trop que le billet est faux.

LE PROCUREUR

C’est un fait que je nie.

PHILINTE, à Alceste.

C’est un fait que je nie.Excès de vos défauts,
De demander aux gens plus de droiture d’âme,
Plus de sincérité que la loi n’en réclame.

LE PROCUREUR

Qu’on ose m’insulter ainsi devant témoins !
On verra.

ALCESTE.

On verra.Si je l’ose ? Oui, traître, de tes soins
Tu sais bien quel sera le prix ! Mais je proteste
D’en rendre la noirceur publique et manifeste :
Oui, morbleu ! moi tout seul je braverai tes coups.
Oui, moi-même au procès…

PHILINTE.

Oui, moi-même au procès…Eh bien ! y pensez-vous ?
Comment ! vous engager dans la cause ?

ALCESTE.

Comment ! vous engager dans la cause ? Sans doute.

PHILINTE.

C’en est trop. Écoutez…

ALCESTE.

C’en est trop. Écoutez…Il n’est rien que j’écoute.

PHILINTE.

Le dépit est bizarre, et c’est trop fort aussi.

ALCESTE.

Rien, rien ! je plaiderai.

PHILINTE.

Rien, rien ! je plaiderai.Parbleu, non !

ALCESTE.

Rien, rien ! je plaiderai.Parbleu, non ! Parbleu, si !
Qui m’en empêchera ?