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Scène II

ÉLIANTE, ALCESTE, PHILINTE.
ALCESTE, allant prendre Éliante, qu’il conduit dans un fauteuil.

Les voilà tous les deux…Allons, sors donc.Madame,
Voici des embarras fâcheux pour une femme ;
Et des peines d’esprit plus cruelles encor
Pour vous surtout, pour vous qui n’avez aucun tort,
Qui méritez si peu cet accident sinistre.
Eh bien ! qu’a dit, qu’a fait, que pourra le ministre ?
Ce brave homme, je crois, n’a pas vu sans douleur,
Sans un vif intérêt, votre cruel malheur ?

PHILINTE.

Nous n’avons fait tous deux qu’un voyage inutile.

ALCESTE.

Comment donc ?

ÉLIANTE, se levant.

Comment donc ? Cher Alceste, il est assez facile
D’imaginer la part et l’intérêt que prend
Mon oncle à cette affaire : il est fort bon parent ;
Mais trop tard, en effet, nous implorons son aide.
Votre moyen d’hier était un sûr remède,
Tant que votre avocat, par un concours heureux,
Avait entre ses mains ce billet dangereux ;
Mais aujourd’hui qu’il est entre les mains d’un autre,
Dans le parti du fourbe et très contraire au nôtre,
Mon oncle nous a dit et clairement fait voir
Que, même sans blesser les lois ni son devoir,
S’il prêtait à nos vœux sa secrète entremise,
On pourrait l’accuser d’une injuste entreprise
Que nos vils ennemis feraient sonner bien haut
Pour appuyer leur cause et nous mettre en défaut.
Et l’honnête avocat qui nous servait de guide
L’a trouvé, comme moi, plus prudent que timide.

ALCESTE.

Mon avis est le même… Et qu’en avez-vous fait
De mon cher avocat ?