Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/80

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Pour réparer les pleurs que je vous ai causés.

PHILINTE.

Comment se pourrait-il… ?

ALCESTE, criant d’exclamation cet hémistiche.

Comment se pourrait-il… ?Écoutez, je vous prie.

L’AVOCAT.

J’ai tout dit…

ALCESTE.

J’ai tout dit…Poursuivons. Jamais, je le parie,
Il ne fut dans le monde un plus hardi méchant
Que ce lâche Robert, jadis votre intendant.
L’œil fixe sur le sien, j’ai beau de cent manières
Circonvenir son cœur ; menaces ni prières
N’en viennent pas à bout ; et, sa perversité
Dans l’œil de son agent puisant la fermeté,
Il m’ose tenir tête avec une impudence
À lasser mille fois la plus forte constance.
Il fait plus ; et, prenant un langage imprévu,
Il m’ose, à moi, citer l’honneur et sa vertu.
Oh ! morbleu ! pour le coup la fureur me transporte.
Le fourbe veut sortir, j’empêche qu’il ne sorte ;
Les efforts de Dubois, à cette trahison,
De ses bruyants éclats remplissent la maison.
On accourt, on survient. Le front rouge de honte,
J’implore, à cris pressés, justice la plus prompte.
Bonne inspiration, puisque, dès le moment,
Un commissaire, archers, sont dans l’appartement
Ah ! fourbe, je te tiens ! dis-je avec véhémence.
Le misérable encore fait bonne contenance.
Mais je n’hésite point ; et, m’adressant alors
À l’homme que la loi rend maître en ce discord :
« On a commis, lui dis-je, un faux abominable.
« Dès longtemps la justice a frappé le coupable ;
« Nous avons de ce faux trente preuves en main :
« Il y va de la vie, et voici mon chemin.
« Si Robert à l’instant, à l’instant ne me donne
« Le billet frauduleux, ainsi que je l’ordonne,
« Comme faussaire, ici, je le livre à la loi.
« Je demande, je veux qu’on l’arrête avec moi ;