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La forme hal donne les noms suivants[1] : Hall (an der Saale, sur la Saale ; Hala Saxonum, en Saxe) renommée pour ses sources d’eau de sel[2], Halle (dans le Ravensberg), Hall (sur le

  1. Les Allemands ont sans raison redoublé la lettre l, et ils ont ainsi donné au thème primitif la forme Hall. Il ne faut pas confondre ce mot avec Halle (espace couvert ; salle ; cfr. lat. aula), ni avec Saal (jad. habitation ; auj. salle), et il ne faudrait pas supposer que le nom du sel provient du nom de la maison qui servait d’entrepôt pour cette denrée.
  2. Janson dit à propos de cette localité : etymologia græca vel cimbrica derivatione a salis proventu nominata… et in Armenia Halis fluvius græca voce salsus, ut Straboni placet.

    Les rapports des langues indo-européennes sont connus. Mais l’on s’est demandé si la forme Hall des noms géographiques de l’Allemagne n’attestait pas une origine celtique. Mone voit dans le mot hal, qui désigne des salines, en gallois, une preuve de l’ancienne habitation de l’Allemagne par les Belges (thèse qui n’offre d’ailleurs aucun doute) et de la ressemblance du gallois et du belge (thèse également certaine, car les anciens Belges étaient des Celtes venus de la Germanie à une époque où cette contrée était entièrement celtique).

    Les Allemands conviennent que le nom de Hall est d’origine celtique. Mais M. d’Arbois de Jubainville dit que cette doctrine, admise par MM. Hehn, Mehlis, etc., « n’a pas de base, puisque le changement d’s en h, est, à très peu d’exceptions près, un phénomène néo-celtique, spécial au rameau breton, et postérieur à la chute de l’empire romain, » et il ajoute : « Nous n’avons aucune preuve que ce phénomène phonétique s’accomplit chez les Celtes de la Germanie… Il n’est donc pas prouvé que les Celtes aient créé des salines dans la vallée du Rhin. » (Rev. celtique, t. III, p. 347.)

    Mais il est reconnu que hal n’appartient à aucun dialecte tudesque ; et l’on sait, d’ailleurs, que la plupart des villes qui portent le nom de Hall sont en pays qui est resté celtique jusqu’en plein moyen-âge. D’un autre côté, il n’est pas nécessaire de supposer que les Celtes de la Germanie auraient eu besoin de changer s en h. En grec, le mot ἅλς (sel) n’offre aussi qu’une forte aspiration. Enfin, le rameau armoricain n’est pas le seul qui offre