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Burgondes), Drottningholm (île de la reine ; drottning, reine ; île près de Stockholm ; — suéd. drott, roi ; v. P., p. 69), Flatholm (utpote plana : platt, suéd. flat, dan. flad, plat) ; Stockholm (qui fut d’abord bâtie dans une île [holm], auprès d’un détroit ; en suéd. staket, stak, détroit ; d’où Stäkholm et puis Stockholm = île du détroit). Cette ville occupe aujourd’hui sept îlots, et comme elle est bâtie sur pilotis et que les îlots sont joints par des ponts en bois, on a dit que c’est apparemment de ces pièces de bois qu’elle tire son nom (Stock, bâton ; tige ; souche, tronc ; Stacke, palissade ; en bas all. stack, digue).

Werth (v. h. all. werid, werida, m. h. all. werd) signifie un lieu endigué (ein abgedeichtes Land am oder in Wasser) ; une hauteur qui domine sur l’eau (Erhöhung über dem Wasser) ; une île de rivière (eine Flussinsel, insula amnica). Ce mot dérive de wehren (arrêter, empêcher ; détourner ; défendre ; comme le mot Wehr, défense, retranchement ; rempart, parapet ; digue, bâtardeau, môle), et il signifiait un lieu gardé, défendu contre les eaux ; un fort. Les îles naturelles servaient, encore mieux que les crannoges, de lieu de refuge. Elles offraient aux populations primitives un asile qui leur paraissait assez sûr pour y prendre gîte. Elles servaient de lieu fortifié ou plus facile à défendre contre les attaques des voisins plus puissants ou des bêtes fauves pendant les longues nuits de l’hiver. On a rattaché Werth à Warte (specula, statio, échauguette, donjon). Mais on peut croire que ces deux mots proviennent de la racine qui a donné warten (attendre ; guetter ; garder) et wahren (voir ; prendre garde à).

Dans l’Allemagne méridionale, on emploie le mot Wörth, dans le même sens. Dans la Prusse, on se sert du mot Werder (île située dans un cours d’eau ; digue ; chaussée) : Mentionnons d’abord notre Wörth alsacien, village auprès duquel, le 6 août 1870, une partie de notre armée succomba sous le flot envahisseur