Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/408

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conquis l’autre ; cela est certain. Mais… d’abord je ne suis pas sûr que les États-Unis ne se désagrègent pas un jour, et la preuve n’est pas encore faite que l’Union soit indissoluble. Ensuite — car un argument reposant sur une hypothèse ne doit compter que pour mémoire — ensuite les États-Unis sont une confédération très libre, et c’est-à-dire plutôt une alliance entre plusieurs peuples qu’un peuple comme nous l’entendons ; et dans ces conditions le désagrément est beaucoup plus évitable. Enfin il y a là, non pas tout à fait un peuple conquis, et un peuple qui a conquis ; mais un peuple qui, avant qu’une de ses parties conquît l’autre, avait vécu comme peuple un ; qui, par conséquent, a des souvenirs communs et des traditions communes remontant à une période antérieure à la conquête, souvenirs et traditions qu’il a pu renouer ; et de là la possibilité d’un patriotisme américain.

Il n’y a donc pas d’assimilation à faire entre les États-Unis actuels et ce que pourrait être l’Europe conquise en définitive par un peuple européen. Précisément il n’y aurait rien là de définitif.

Il n’y a donc pas lieu d’aspirer à cette solution, et les autres paraissent impossibles.

Le pacifisme est donc une illusion d’esprits peu capables de réel ou de cœurs trop tendres qui ne peuvent pas se soumettre à la réalité. Il est destiné,