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SIMPLIFICATION SIMPLE

D’autre part, l’effet d’étonnement sera bien plus grand à franciser les mots usuels qu’à franciser les mots savants. Arquéologie n’étonnerait personne ; Atée étonnera, je le reconnais. Il serait donc plus à propos de franciser les mots savants et de conserver grécoïdes les mots usuels. Mais nous revenons : où commence le mot usuel ?

Prenons un parti : francisons tous les mots grecs, comme le voulait Ronsard, sans distinction. Plus de th, de ph, de ch dur, de rh. Au lieu de th, t ; au lieu de ph, f. Les Italiens font ainsi depuis un siècle. Sont-ils en décadence ? Plus de rh ; tout simplement r. On écrit déjà rythme, pourquoi n’écrirait-on pas rétorique ? C’est plus près du mot grec et cela n’a pas figure barbare et cela serait commode pour les enfants qui ne savent jamais si h est après le t ou après l’r.

Et le ch dur, par quoi le remplacer ? Ici je me sépare de Ronsard, qui voulait qu’on le remplaçât par le k. Non ; le k n’est pas une lettre française, c’est une lettre à air barbare, cela doit venir du Kamtchatka. Le ch dur c’est notre qu. Le qu est graphie éminemment française. Cela est si vrai que le ch et le qu, c’est la même lettre, selon qu’elle se prononce dure ou douce. À deux lieues de distance en France on dit un chien ou un quien, une vache ou une vaque. Donc ch