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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/169

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CHAPITRE VIII

LE DRAMATISTE — COMÉDIES.

Les comédies de Voltaire sont très loin d’avoir eu la grande fortune de ses tragédies.

Même de son temps on a proclamé qu’il était mal propre à ce genre d’ouvrages et « qu’il n’avait pas d’esprit à la troisième personne ; » et son théâtre comique ne s’est pas relevé de la défaveur dans laquelle il était tombé tout de suite.

Il n’y a pas lieu d’essayer de redresser ce jugement général. Les comédies de Voltaire ne sont pas comiques. Ce n’est pas à dire qu’elles soient sans mérite. Ce ne sont pas des comédies ; mais ce sont des contes agréables. Elles ne sont point faites pour être jouées, mais elles peuvent être lues avec plaisir. Ce sont de petites nouvelles moitié sentimentales, moitié satiriques sous forme dialoguée. L’allure en est un peu lente, mais on y trouve des passages et même des pages d’un joli tour et d’un joli style.

Car ici ce que nous disions de la tragédie de Voltaire n’est plus vrai. Les comédies de Voltaire ne sont pas écrites dans la langue de tout le monde, dans une langue conventionnelle et pour ainsi parler officielle. Elles sont bien de la langue et du style de Voltaire, et là, comme dans un conte en vers, il garde son tour libre, sa langue aisée et souple, son style vif et d’allègre allure.