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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/238

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CONCLUSION



Il n’est pas besoin d’une longue conclusion, après avoir suivi Voltaire dans toutes les manifestations de sa pensée et après l’avoir si souvent laissé parler lui-même. Voltaire a été le bon sens et l’intelligence lucide, excités sans cesse par une curiosité infatigable, aiguisés d’esprit, soutenus d’une imagination toute intellectuelle, mais vive encore, et donnant la vie au jeu des idées. — Ces dons incomparables ont été gâtés chez lui par des colères, des vanités, des rancunes, l’impossibilité d’admettre qu’on fût d’un autre avis que lui, surtout par sa haine aveugle à l’endroit de tout sentiment religieux. — Cette partie de Voltaire est si importante qu’on a fini par y voir Voltaire tout entier, ce qui est se tromper grandement ; mais il faut reconnaître qu’une bonne moitié de ses œuvres s’y rattache et qu’elle donne comme le ton et l’esprit général à tout le reste. C’est une vue fausse ; les esprits les plus indépendants l’ont reconnu depuis. Il est parfaitement certain que l’esprit métaphysique et l’esprit théologique ont eu quelques effets très funestes, comme, hélas ! tout ce que l’homme invente ou manie. Mais, en voulant les proscrire et les ruiner, Voltaire oublie que métaphysique et religions ont au moins pour elles d’être comme les sanctuaires conservateurs de la morale ; que l’homme est ainsi fait qu’il n’est pas attaché à la morale s’il ne la rattache elle-même à quelque chose, et que méta-