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VIE D’APOLLONIUS.

protégé sa fuite, et donna sa toison à Éétès, qui la suspendit à un chêne, au pied duquel veillait sans cesse un dragon. Éétès reçut Phryxus avec bonté et lui donna en mariage sa fille Chalciope, dont il eut quatre fils, Argus, Mélas, Phrontis et Cytisore.

Jason qui fut chargé de faire la conquête de la Toison d’or était fils d’Éson et d’Alcimède, et naquit à Iolcos ville de la Magnésie dans la Thessalie, située au fond du golfe Pélasgique (aujourd’hui le golfe de Volo). Le royaume d’Iolcos, qui devait appartenir à son père Éson, fils de Créthée et petit-fils d’Éolus, avait été usurpé par Pélias. On cacha d’abord la naissance de Jason au tyran, et il fut élevé dans un antre du mont Pélion voisin d’Iolcos, par le Centaure Chiron et les soins de Philyre, mère du Centaure et de Chariclo sa femme. Lorsqu’il eut atteint l’âge viril, il ne craignit point de se découvrir à Pélias. Celui-ci, appréhendant d’être contraint de lui céder le trône de son aïeul Créthée, chercha un moyen de se débarrasser de Jason. Il feignit d’avoir eu un songe dans lequel, suivant les idées superstitieuses des Grecs, Phrixus lui ordonnait d’apaiser ses mânes errans, dans une terre étrangère, et de rapporter en Grèce la toison du bélier qui lui avait sauvé la vie. Pélias ajoutait qu’étant trop vieux pour exécuter lui-même cette entreprise, il avait consulté l’oracle de Delphes qui avait désigné Jason pour l’accomplir[1].

  1. Apollodore, liv. I. Pindare, Pyth. 4me Argonauticon hypothesis, à la tête des éditions d’Apollonius.

    Voyez aussi l’Examen de la tragédie de la Conquête de la Toison d’or, par Pierre Corneille. On ne lira pas, je crois, sans intérêt, ce morceau tracé par la main d’un grand poëte, profondément versé dans la connaissance des antiquités grecques et latines, et dont les plus faibles compositions rappellent ce vers d’Horace :

    Invenias etiam disjecti membra poetæ.