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Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/71

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LXXIII.

PARFUM DES MUSES.

L’Encens.

Filles de Mnémosyne et de Jupiter foudroyant, ô Muses célèbres et illustres, déesses qui engendrez tous les arts, nourricières de l’esprit, qui inspirez de droites pensées, qui gouvernez avec sagesse les âmes des hommes et qui leur avez enseigné les sacrifices divins ; Clio, Euterpe, Thalie, Melpomène, Terpsichore, Erato, Polymnie, Uranie et Calliope, venez avec votre mère auguste ; venez auprès de nous et soyez-nous favorables, amenez-nous la Gloire toute puissante et la Sagesse.

LXXIV.

PARFUM DE MNÉMOSYNE.

L’Encens.

J’invoque Mnémosyne, épouse du puissant Jupiter qui a enfanté les Muses au doux langage, et qui guérit de ses erreurs un cerveau dérangé. Amie de la raison, elle inspire les âmes de tout ce qui respire ; elle augmente la force des hommes ; vigilante et sans jamais se reposer, elle donne une mémoire fidèle à ceux qui aiment à cultiver les arts ; elle réveille la pensée de ceux qui la respectent. Accorde donc à tes prêtres un esprit qui se souvienne toujours, éloigne d’eux l’oubli fatigant.

LXXV.

PARFUM DE L’AURORE.

La Manne.

Écoute-moi, déesse qui guides pour les mortels le char de la lumière, blanche déesse qui fais rayonner sur le monde un doux éclat, messagère dorée du grand Titan le Soleil. Toi qui par ta présence renvoies les épaisses ténèbres de la nuit dans les entrailles de la terre. Conductrice de tous les travaux, distributrice de la vie des hommes, tu fais la joie des mortels ; aucun ne voudrait fuir ton charmant visage. Quand tu chasses loin des paupières le sommeil aimable, les hommes, les reptiles, les quadrupèdes, les oiseaux et tout ce qui habite le sein des mers, tout se réjouit. Tu donnes aux hommes la nourriture qui leur est agréable. Bienveillante pour tes dieux, augmente pour eux l’éclat de ton char sacré.

LXXVI.

PARFUM DE THÉMIS.

L’Encens.

J’invoque Thémis, fille du ciel engendrée par la terre, déesse aux beaux yeux qui la première dévoila aux hommes les prophéties de l’avenir et annonça les oracles aux dieux dans la ville de Delphes. Elle régnait aussi dans Pythos et sur les Pythiens, et c’est là qu’elle accorda à Phébus le don d’annoncer l’avenir. Déesse auguste, vénérable, qui erres durant l’obscurité des nuits, la première tu as appris aux hommes à honorer les dieux et à offrir à Bacchus des sacrifices nocturnes. C’est de toi en effet que viennent les mystères des immortels. Viens à nous, ô déesse, avec une pensée favorable, assiste aux mystères que tes prêtres célèbrent en ton honneur.

LXXVII.

PARFUM DE BORÉE.

L’Encens.

Borée glacial dont le souffle horrible tourmente l’immensité des cieux, abandonne les montagnes neigeuses de la Thrace, écarte les nuages noirs qui couvrent le ciel, chasse bien loin les nuées qui engendrent la pluie ; toi qui rassérenis, essuie l’immense Éther.

LXXVIII.

PARFUM DE ZÉPHIRE.

L’Encens.

Souffles charmans de Zéphire, habitans du ciel, vous qui glissez doucement sur les mers et nous consolez de nos durs travaux ; vous qui exhalez une odeur agréable, vous qui faites germer et fleurir la terre ; souffles bien aimés des ports, vous qui ouvrez aux vaisseaux sur l’immensité des mers une route facile, je vous en supplie, respirez doucement auprès de nous, souffles aériens, invisibles, aux aîles légères, rapides comme l’air.