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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/101

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retournai vers la cour. Agathe, à présent, préparait le dîner, trempait la soupe. Elle me sourit.

— Je viendrai te voir ce soir, lui dis-je. Veille à mettre l’échelle.

Elle fit oui, secouant la tête.

— Elle y sera, Félicien.

Nos parties d’après-dîner nous réunissaient de sept à neuf. À neuf heures et quart, après une feinte retraite, je vins sous la fenêtre d’Agathe. L’échelle était contre l’auvent de la grange, cette fameuse échelle que je n’avais pas osé gravir, il y avait de cela huit mois, et que Bougret devait certainement connaître. Je la dressai, j’atteignis lestement le dernier échelon. Agathe ouvrit la fenêtre et je sautai dans la chambre.

Il faisait froid. Elle courut à son lit et je m’y engageai derrière elle. Chère grosse Agathe ! L’expansion presque excessive de ses charmes n’allait pas me décevoir, et ce fut avec un luxurieux émoi que je pressai les rotondités amies qui m’étaient si mal connues et si familières. Embrasser et contenir toute cette chair, dans la tiédeur du lit, l’agréable exercice ! Bougret avait trop bien préparé les voies pour que je pusse hésiter sur le seuil, et tandis qu’elle sanglotait de bonheur, je la traitai avec le rude entrain que justifiait une privation hors de mesure. Je crois pouvoir dire que les sens ne la troublèrent jamais beaucoup ; mais d’être vraiment enfin ma bonne amie la transportait au septième ciel. Depuis le temps où, gamine, elle me montrait son derrière, elle ruminait, m’avoua-t-elle, l’idée de me montrer le surplus et de m’en offrir l’amusement.

Je me devais de lui reprocher Bougret, et que sa fleur s’en fût allée à cet intrus. Elle me jura qu’il l’avait prise de force chez lui, où elle était venue chercher des pommes de terre. Le lendemain, chez elle, elle s’était laissé reprendre en espérant le mariage. Et Bougret de faire de vagues promesses pour la reprendre encore. Elle me confia qu’au quatrième coup seulement il avait fendu l’abricot, en me donnant à entendre qu’avec moi ça n’eût pas traîné si longtemps.

Je renouvelai l’encerclement de cette solide masse, que