Aller au contenu

Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134

Une voix angélique se fit entendre, tandis qu’un sourire animait la plus fraîche bouche du monde.

— Bonjour, monsieur.

Cela ne m’expliquait pas grand-chose. Fifine voulut bien ajouter que son amie Lolotte ne travaillait pas depuis quelque temps, un bourgeois lui donnant des quinze francs par semaine pour une fois qu’il la voyait ; que sa mère la pourchassait partout, la menaçant du commissaire, vu qu’elle n’avait que dix-sept ans. Or, tout en parlant, elle se déshabillait, enlevait sa chemise.

— Ça ne gêne pas Lolotte, allez, vous pouvez venir, conclut-elle en s’allongeant sur le lit.

J’hésitais, intimidé par les malicieux regards de la jolie blonde. « Ça vous ennuie qu’elle vous voie faire ? » dit Fifine. Lolotte se mit à rire : « Je ne regarderai pas. Je vais me retourner. » Ainsi fit-elle, se plaquant vers le mur en roulant de la croupe. Je vins alors m’étendre auprès de Fifine, qui s’empara de moi avec l’alerte brusquerie que je lui connaissais. Elle me séparait de Lolotte, mais comme je l’enfermais dans mes bras, je rencontrai de rondes fesses qui n’étaient pas les siennes. Ces fesses ne se défendaient pas, se tendaient, répondaient à ma caresse. Un frisson de concupiscence me parcourut. Souple et serpentine, Fifine se tortillait contre moi, ma main continuant de visiter l’autre chair, palpant ces formes inconnues, se glissant dans l’intimité de leurs plis, et je n’apaisai mon trouble extrême qu’en m’abandonnant à ma maigre amie et à ses ruses mouvantes. D’ailleurs elle avait surpris mon manège, car à présent j’amenais à moi Lolotte, soudain devenue toute pâle et s’associant au plaisir qu’elle me faisait goûter.

— Elle est encore plus chaude que moi, fit-elle dans un rire, en cabriolant hors du lit.

La tête me tournait un peu, tant la secousse nerveuse avait été vive. Lolotte me souriait, jolie à damner tous les saints. Fifine vit où allaient mes yeux et, rabattant le drap, relevant la chemise de son amie, me fit admirer le plus agréable corps que j’eusse vu jusque-là, une gorgerette pointante, un ventre lisse comme marbre, où frisottait