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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/138

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une légère toison fauve. La complaisance de Fifine irait-elle jusqu’à me permettre de posséder tout cela ? Dans une heure il me faudrait repasser la barrière de la gare. Mais l’amour creuse et je n’avais pas dîné. Ma mère avait placé dans mon sac d’abondantes provisions de bouche, poulet rôti, pâté, gâteaux, sans oublier deux bouteilles d’excellents vins de Beaune. Je les déballai et Fifine, nudité sautillante, installa le tout sur la table. Lolotte s’était levée. On dîna. Les deux bouteilles furent vidées et la chambre s’emplit d’éclats de rire. Le temps pressait. N’emporterais-je de Lolotte que le souvenir d’un énervant pelotage ? Fifine se recoucha, m’appela, me manœuvra, féline, me bouleversa par cette acrobatie sexuelle qui m’avait attaché à sa maigreur laide. Je résistais, ne voulant pas tout lui devoir, et Lolotte sembla le comprendre, s’approcha, permit à ma main des explorations précises, Fifine l’attirant à elle et confondant étroitement nos chairs en rumeur.

Quelques minutes plus tard, nous dormions côte à côte, le vin et l’amour ayant eu raison de nous. Quand je me réveillai, depuis plus d’une heure le train que je devais prendre roulait vers Paris. Bah ! Le premier convoi du matin étant à huit heures, j’allais achever la nuit auprès de Fifine et de Lolotte, et à sept heures, Fifine se rendant à son travail, je ferais mes adieux aux deux amies. Elles dormaient encore, mais je me tins éveillé, tourmenté par la présence de la désirable Lolotte, couchée au-delà de Fifine et que je visitais de la nuque aux cuisses. Le désir me tenaillait d’une autre visite, plus directe. Passant sur elle, qui entrouvrit les yeux, j’allai droit à un angle humide dont elle ne me disputa pas le chemin. Adorable Lolotte ! Une indicible félicité me fut donnée, qu’elle partagea sans doute, ses savoureuses lèvres se greffant aux miennes. Nous nous rendormîmes dans les bras l’un de l’autre, où nous surprit bientôt Fifine, si amusée du tableau que son rire nous réveilla. Elle ne comprenait pas que nous ayons pu nous gêner pour elle. Je l’embrassai, mais pour bien montrer qu’elle était sans jalousie elle s’en alla dès six heures et demie, nous laissant seuls. Je lui avais remis, en