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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/158

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CHAPITRE DEUXIÈME

Titi et sa sœur. Figuration et copies théâtrales.
Milieux interlopes. Jeanine Maillefeu.

Un soir que je rôdais boulevard Saint-Martin, sous la pluie et dans la crotte, je fus accosté par un petit bossu coiffé d’un tromblon presque aussi haut que lui. Il me confia d’une voix aigrelette : « Pour l’Ambigu. J’ai des billets à quinze sous, bien placés. » Je compris qu’il s’agissait de la claque, vingt fois supprimée, vingt fois rétablie. Je lui comptai mes quinze sous ; il me remit un bout de carton en m’indiquant la route à suivre, par le couloir du portier, au bout duquel je trouverais une porte ouvrant sur les balcons. J’y fus et pris place parmi des gens que le même recrutement avait amenés là. On donnait le Benvenuto Cellini de Paul Meurice, qui ne faisait pas le sou en dépit du grand talent de Mélingue. Dès le lever du rideau le petit bossu parut, levant les mains pour déclencher les premiers claquements, que pour ma part j’exécutai avec une vigueur qui ne sentait pas la commande. Il me regarda, m’encouragea d’un mouvement de sa trop grosse tête de nain difforme. De tous ces claqueurs j’étais le mieux mis, et sans doute le remarqua-t-il. Venant à moi pendant l’entracte, il me demanda s’il m’était possible de lui amener des camarades. À quoi je répondis négativement.

Quelques jours plus tard, errant par là, je le revis à son poste de recruteur. Il accourut, mais je prévins son offre