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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/204

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CHAPITRE CINQUIÈME

La passionnée Hortense. Mes doubles amours.
Pauline Maillefeu.
Mme Quincette s’en va et Jeanine se marie.

L’histoire d’Hortense tenait en quelques mots. Née d’Horchiac, elle était cousine du jeune secrétaire à la Cour des Comptes. Leurs âges coïncidaient : vingt-huit ans. Elle avait été élevée au couvent des Oiseaux. Elle en sortit avec le bagage de futiles connaissances qui valaient à l’établissement de la rue de Sèvres sa réputation mondaine. Elle peignait, sculptait, jouait de la harpe, chantait, dansait. Elle avait quinze ans quand elle perdit sa mère. Son père, brillant officier, ruiné par le jeu, faisait sa carrière en Algérie. Une tante passablement folle la recueillit, lui fit partager son existence moisie de vieille fille. Survint un jour le cousin, qui faisait son droit à Paris. Ils s’ennuyaient l’un et l’autre ; ils se déniaisèrent mutuellement. Cependant la tante travaillait à marier sa nièce, et ce fut elle qui découvrit l’officier Quincette, de douze ans plus âgé, mais riche. Le jeune d’Horchiac était retourné dans sa province, en Languedoc. Il en revint pour occuper auprès du baron Rodier cet emploi flatteur, mais mal rétribué, qu’il devait à des relations de famille. Il retrouva sa cousine. Ils reprirent aussitôt leur intimité d’autrefois, bien peu ardente, me confia-t-elle. Elle s’était, entre-temps, donnée à un beau lieutenant de cavalerie, jeune, ambitieux, intrépide, qui fut tué par une balle russe, en 55, devant Sébastopol.