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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/226

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CHAPITRE SEPTIÈME

Isabelle Abrial. Éva Cadine.
L’Exposition universelle de 1867.
Du Champ-de-Mars à Mabille et Bullier.
Paris Lupanar.

L’énigme d’Hortense Quincette m’intriguait. Par un pharmacien de la rue du Bac, je sus que depuis son départ pour Dijon, en mars de 62, Mme Quincette n’avait pas été revue à Paris. On la disait très malade. Par un ami de brasserie, jeune licencié en droit, qui habitait Dijon et que je priai de se renseigner secrètement sur ce qu’on y savait de la femme du capitaine Quincette, j’appris qu’elle était presque inconnue pour la société dijonnaise, un mal qui fut tenace l’ayant frappée peu après son arrivée là-bas. On parlait d’une maladie de langueur. Elle ne pouvait, disait-on, se faire à son éloignement de Paris. On admirait sa beauté, touchée à peine par la souffrance. Rien d’autre. Mais quelques jours plus tard il m’écrivait que le capitaine Quincette et sa femme venaient de quitter Dijon. Je sus alors par le pharmacien que Mme Quincette avait reparu, bien changée. Elle ne sortait qu’en voiture.

Je reconstituais à présent le drame douloureux que je n’avais pas pressenti. Le désespoir d’Hortense, j’avais pensé que la perspective de fréquents séjours à Paris le dissiperait, que vivre à Dijon face à face avec son mari ne lui apparaîtrait plus comme un supplice au-dessus de ses forces. Je m’étais trompé. Mais puisqu’elle était revenue, ne pourrais-je tenter de la voir ? Je me proposais déjà de faire le guet rue du Bac, avec toute la prudence nécessaire, quand une