Aller au contenu

Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67

hasard, j’entendis derrière une porte un toussotement rappelant le ton de voix de ma Berrichonne. Je toquai à petits coups. « Qui est là ? » C’était bien elle. Je me gardai de répondre et la porte s’entrebâilla. Je la poussai, m’insinuai dans l’étroite pièce. Maria, en chemise, cria comme pour un voleur.

— Que venez-vous faire ici ? C’est pas pardonnable ! Laissez-moi ! Allez-vous-en !

Je jetai mes bras à son cou. Elle se débattait, continuait de crier « allez-vous-en ! allez-vous-en ! », et je dus la porter sur son lit, tout en désordre, encombré de linge et de baluchons. Mais dès qu’elle y fut, mes premiers baisers l’apaisèrent, et je pus en disposer à mon gré, assouvir sans qu’elle s’y refusât le besoin d’elle qui me pressait si fort. D’abord elle demeura neutre, inerte, mais elle n’était pas fille à garder cette attitude, et je l’eus bientôt toute, non moins folle que j’étais fou. Jusque-là je ne l’avais vue en amour que dans le silence inquiet de la cabine, et je ne la reconnaissais plus. Elle me dévorait, et sa bouche laissa des stigmates sur ma nuque. Lorsque nous fûmes un peu remis elle me demanda pardon de m’avoir accueilli si mal, et je me fis pardonner ce qui lui était arrivé par ma faute. Elle avait enlevé sa chemise. Je la voyais nue pour la première fois. De haut en bas, qu’elle était appétissante ! Je m’amusai — jeu nouveau pour moi — à promener ma main sur la rousse toison de son sexe. Elle connut que je la trouvais belle, et m’attirant à elle, m’en témoigna sa reconnaissance. Mais la prudence lui imposait de ne pas me retenir, Balthasar l’attendant au bureau avec les derniers paquets. Il venait de lui promettre le mariage. Elle jurait que j’avais vainement tenté de la prendre par violence. Il paraissait craindre qu’elle ne le quittât.

— Il aura beau faire, mon Félicien, je ne t’oublierai jamais !

Elle ne put retenir ses larmes. Je l’embrassai sur les yeux, sur les seins, sur son triangulaire piquetis de fils d’or. J’embrassai son bon gros derrière, et puis vite, vite, je me rajustai, l’embrassant encore. « Adieu ma petite