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Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/120

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vive à propos de quelques détails concernant le Jardin des Plantes. Piqué au vif, le polytechnicien donna brusquement la traduction exacte de la devise qui orne la coupole du Belvédère : Horas non numero nisi serenas… Puis, il s’empara du menu de la boutique et, crayon en main, expliqua le mécanisme de l’appareil que M. de Buffon avait établi sur ce Belvédère, et qui sonnait régulièrement et exactement le milieu du jour…

La jeune femme comprit alors qu’elle avait affaire à un fort en thème et qui s’était joué d’elle. À partir de ce jour, mes deux amis, dont j’avais pour ma part respecté l’anonymat, ne songèrent plus à s’embrasser. Elle, du moins, était redevenue mondaine, un peu femme savante. Je ne les entendis bientôt plus parler que de l’arbre aux Quarante Écus, ou Ginko Biloba, des albums de fleurs de van Spaendonck, ou de la première girafe qui vint en France en 1827, et que MM. Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire, ainsi que tous les membres de l’Administration du Muséum, présentèrent au Roi de France à Saint-Cloud, comme nous ferions aujourd’hui pour une cousine du Négus, un cheval de course ou une reine de beauté…

Un beau matin, à l’occasion d’un procès, si j’ai bonne mémoire, le polytechnicien apprit par les journaux que sa « même » était riche de trente ou quarante millions. Par pudeur, par discrétion aussi, peut-être par amour, elle ne se montra plus dans la rue des Fossés-Saint-Ber-