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Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/127

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poésie de cathédrale vue aux rayons X, le regard de l’homme d’aujourd’hui, pourtant habitué aux parachutes, viaducs et auto-mitrailleuses, ne se pose pas sans stupeur sur l’Iguanodon, dinosaurien du genre lézard. L’Iguanodon, au corps de chalutier, avait une tête de murène ivre au bout d’un tuyau d’arrosage. C’est le genre dévastateur. Dressé sur ses pattes de derrière, l’Iguanodon eût pu facilement déguster une douzaine de paniers d’huîtres au balcon d’un sixième étage. Après quoi il eût culbuté la maison comme on plie sa serviette et retourné trois tramways d’un coup de queue, histoire de dépenser un peu de phosphore. Nous avons beau être habitués aux trains « aérodynamiques » et aux immeubles de trente étages : ces monstres, qui poussaient comme des arbres au lieu de naître des cerveaux, ces bêtes de plusieurs tonnes descendent au fond de l’émotion et secouent fortement nos vieilles peurs éparses…

Moins énorme, l’Arsinotherium et le Triceratops commencent la série des Mastodontes à cornes, bœufs-rhinocéros, hippopotames crochus, sangliers-dirigeables, dragons à pieds d’éléphants ou phoques sur châssis de dromadaires. Ces phénomènes se permettaient des cornes sur le front, sous le nez, entre les oreilles, dans les yeux ou sur les joues, comme nous avons des poils, des verrues ou des taches de rousseur. Ils nous sont arrivés des âges sans hommes, hélas ! en pièces détachées qu’il a fallu rafistoler et recoudre, et se présentent ainsi en un débraillé un