Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/243

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binaisons et les chimies de la vie d’hôtel : C’est comme si je la regardais dans un microscope.

C’est également au Palace que je me suis peu à peu initié au vocabulaire particulier de cette branche de l’Industrie, et que j’ai pu enfin faire une différence entre le client français et le client étranger. Contrairement à ce que l’on pense, le client français est de loin préférable au client étranger, bien qu’il voyage peu et soit moins adapté à la vie d’hôtel que les Anglais, par exemple, pour qui l’hôtel est une deuxième famille. Une des causes de la crise hôtelière provient de l’erreur dans laquelle on maintient toute une classe de voyageurs étrangers, en leur racontant que les prix pratiqués en France sont ridiculement bas. Ils prennent un paquebot ou un rapide, descendent quelque part, examinent l’addition, s’étonnent d’avoir été trompés, et repartent mécontents. Pourquoi notre propagande, si elle existe, est-elle mensongère[1] ?

Le Palace n’a pas toujours été un hôtel. L’immeuble, construit naguère par des Américains, avait été racheté par le cardinal Ferrari, qui devait en faire une pension d’étudiants catholiques. Trois chambres du premier étage avaient déjà été transformées en chapelle. Mais l’institution manqua le départ avant de fonctionner. Aujourd’hui, la maison semble avoir été conçue pour le travail intellectuel. Est-ce la présence proche de la Maison du Livre ? On m’apprendrait un soir que

  1. Ce chapitre a été écrit en 1935…