Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/160

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serions pas là, si, hier, quand je t’ai dit et redit de continuer à jouer ta polka, tu m’avais obéi, au lieu d’écouter à travers la porte… En tout cas, tu es fiancée, et tu restes fiancée, tant que ton père et ta mère ne t’auront pas informée du contraire… Si ça t’arrive en fin de compte, c’est que nous aurons reconnu que M. Barrier n’en veut qu’à ta dot. Auquel cas, tu n’auras qu’à te féliciter d’échapper à un homme pareil…

Tête basse et sourcils froncés, mademoiselle Dax écouta jusqu’au bout. Un pli barrait son front. Quand madame Dax eut achevé, l’heure était venue d’aller chercher Bernard à la sortie du lycée. Mademoiselle Dax, suivie de la femme de chambre savoyarde, sortit d’un pas un peu nerveux.


— À propos, – questionna Bernard discrètement ironique, – tu as de bonnes nouvelles du docteur Barrier ?…

On rentrait par le quai du Rhône. Mademoiselle Dax, autoritaire, par hasard avait refusé net de prendre la rue de la République.

— …Car j’imagine que depuis hier soir, tu es sur le gril !… Te marieras, te marieras pas ?… On peut jouer à pile ou face… Si j’étais toi, sais-tu ? J’en aurais touché un mot à p’pa… ou à m’man…

— C’est fait, – répliqua brièvement mademoiselle Dax.

— Hein ?…

— Oui, j’ai parlé à m’man…

— Eh bien ! par exemple ! j’aurais jamais cru ça de