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IV


Dans sa chambre crépie à la chaux, l’abbé Buire lisait ses Heures.

C’était comme deux mois plus tôt. La chambre apparaissait pareille, et pareil l’abbé. Seulement, la bise d’octobre était venue ; par les vitres bien fermées, le soleil entrait, pâle. Et mademoiselle Dax, qui tout à coup poussa la porte, portait, au lieu d’une ombrelle, un manchon.

L’abbé Buire accueillit sa pénitente par une joyeuse gronderie :

— En retard, cette fois, ma petite fille ! Quand êtes-vous donc rentrée de la campagne ? Cela fait une éternité depuis votre dernière confession ! Ah ! voilà ce que c’est !… on est en vacances, on court les champs, on s’amuse, et on oublie le bon Dieu…

Mademoiselle Dax, grave, s’asseyait sans dire mot sur l’unique chaise de la cellule, – cette pauvre chaise, naguère dédaignée pour le prie-Dieu, – pour le prie-Dieu où l’on était si bien, accroupie en bébé, les genoux au menton…

— Eh bien ! – remarqua le prêtre, – vous voilà bien sérieuse ?… où donc a passé ma petite chèvre d’autrefois ?

La petite chèvre hocha mélancoliquement la tête.