Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/165

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— Non ? – fit l’abbé Buire étonné, – ça ne va pas ?

Mademoiselle Dax hésita deux secondes, et lâcha d’un seul coup, sans crier gare :

— C’est mon mariage qui ne va pas, père… J’ai envie de dire non…

De stupeur, l’abbé Buire pivota dans son fauteuil. Les quatre pieds de bois, sans roulettes,crièrent désespérément contre le plancher.

— De dire non ?

L’abbé tira son mouchoir, s’essuya le front, se frotta les deux yeux. Mademoiselle Dax, résolue, contemplait cette émotion déchaînée par elle. À la fin pourtant le confesseur s’épancha :

— Vous avez envie de dire non ? Seigneur mon Dieu ! quelle lubie nouvelle ?… Je veux bien que le crique me croque si j’y comprends quelque chose. Voyons, c’est à se décourager : deux années durant vous ne rêvez que mariage, – je vous ai assez grondée en ce temps-là, j’imagine ! – Bon !… on vous trouve un mari ; vous l’acceptez ; et patatras !… il n’y a rien de fait : vous avez envie de dire non !… Alors, quoi ? Expliquez-vous, pour l’amour du ciel !

Mademoiselle Dax s’expliqua par quatre mots définitifs comme un arrêt de cour d’appel :

— M. Barrier ne m’aime pas.

— Encore ! – exclama le prêtre.

Il avait toujours aux oreilles l’écho des phrases entendues autrefois : « On ne m’aime pas… Personne ne m’aime… » Il crut que la phrase nouvelle était sœur de celles-là. Il ouvrit la bouche :