Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/166

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— Mon enfant, vous n’êtes pas dû tout raisonnable… Mais mademoiselle Dax, d’une main brusquement levée, coupa net l’homélie.

— M. Barrier ne m’aime pas, père ! C’est ma dot qu’il aime. Et je ne veux pas, je ne veux pas être épousée pour mon argent !…

Et cinglée soudain par cette obsession qui depuis six jours la fouaillait au plus douloureux de son amour-propre, elle se lança dans un récit tumultueux, racontant tout pêle-mêle : la dispute première, les marchandages, la demi-rupture, et la transaction finale qui avait raccommodé les choses. Le prêtre, très ignorant des affaires d’intérêt, écoutait bouche bée, sans trop bien comprendre. Quand elle se tut, il réfléchit de son mieux et hasarda une parole timide :

— Mais alors… puisque c’est arrangé ?…

— C’est arrangé parce qu’on lui donne deux cent mille francs ! Mais sans ces deux cent mille francs, il me plantait là comme une je ne sais quoi. Et alors, père, pensez un peu : si nous sommes ruinés, un jour, si papa fait de mauvaises affaires, s’il ne lui paie plus sa rente, à M. Barrier, ça recommencera ! mon mari ne voudra plus de moi, mon mari me renverra comme on renvoie une bonne à tout faire !… Non, non et non, je ne m’exposerai pas à ça !

L’abbé Buire respira plus large. S’il ne s’agissait que de pareils enfantillages !…

— Vous êtes folle, ma petite fille !… Vous comprenez bien que votre mari n’aura jamais même l’idée de vous renvoyer… Que M. Barrier ait montré de