l’âpreté à défendre son argent, c’est possible et c’est regrettable… mais tel est l’esprit du siècle !… Tant que vous vivrez dans ce bas monde, Alice, il faut vous attendre à voir la pure morale évangélique perpétuellement égratignée par les plus honnêtes gens… En tout cas, quand vous serez la femme de M. Barrier, ses intérêts et les vôtres seront liés, associés. Et c’est plutôt une garantie pour vous, que votre fiancé soit un homme tenace, qui ait su résister même à votre père, et qui lui ait imposé sa volonté…
L’argument déconcerta mademoiselle Dax ; mais pour une minute seulement.
— Et puis non ! – reprit-elle tout à coup. – Ce n’est pas ça… je ne sais pas comment dire, père…
Elle rassembla sa pensée, et tout à coup, impétueusement :
— Il ne m’aime pas !… Il ne m’aimera pas !… Il me considère comme une espèce de domestique qu’il engage pour tenir sa maison, pour recevoir ses invités et pour porter de jolies robes dont on lui fera compliment, à lui !… Le reste, ça lui est égal. Il continuera de s’occuper toujours de ses malades, de son argent, de sa situation et de rien autre. Moi, il me laissera vivre à côté de lui sans me regarder. Je ne veux pas, je ne veux pas !…
Le prêtre, sévère, se dressa.
— Voilà le péché ! – dit-il. – Une fois de plus, Alice, Satan vous tente. Il fait miroiter à vos yeux l’espoir coupable de je ne sais quel bonheur païen. Vous croyez possible une vie choyée, câlinée, une vie de